Voyages dans le temps. Saison 2

Les fées s’étaient penchées sur le berceau d’Isidore Mévout. Le jeune enseignant-chercheur avait réalisé un rêve qui jusqu’à présent ne relevait que du domaine de la fiction : voyager dans le temps. Son premier périple, au 19ème siècle, lui permit de faire de la voile avec Jules Verne, son idole, et de visiter le Salon des impressionnistes. Accessoirement, de séduire une ancienne danseuse de French Cancan devenue veuve d’un riche industriel du Second Empire qui lui offrit...
Le Professeur Spinec n’était pas le seul à partager le secret d’Isidore. Notre voyageur du temps s’était aussi confié à son ami d’enfance, le brave Mercurocrum. Un abîme séparait leurs capacités intellectuelles, mais en sport ils étaient de même niveau. Le 21 juin, ils se souhaitaient mutuellement bon anniversaire. Cette coïncidence les faisait beaucoup rire car elle remettait en cause, s’il en était besoin, la pertinence de l’astrologie. Suite à un traumatisme cranien,...
Au cours d’un échange visiophonique Isidore fit part à son ami de sa décision d’entreprendre un nouveau voyage. Comme Mercurocrum lui demandait en quel temps et en quel lieu il comptait vivre ses nouvelles aventures, il se fit évasif : « Les opportunités sont infinies et je ne sais trop que choisir. — Pourquoi pas la Rome antique ? lui suggérai-je. — Pourquoi pas. Mais pour y rencontrer qui ? — Par exemple un simple centurion qui te permettrait d’avoir un regard différent...
Deux jours plus tard, vêtu d’une tunique blanche à galon rouge et de sandales en cuir fauve, il prenait le chemin du forum. On était en aprilis de l’an cinquante avant Jésus-Christ, en milieu de matinée. La place avait des couleurs, des bruits et des parfums de souk moyen-oriental. Mais la vêture des marchands et des badauds donnait plutôt à Isidore l’illusion de figurer dans un péplum. Il dirigea ses pas vers les échopes des orfèvres. Les monnaies romaines étant de coûteuses...
Mercurocrum ressemblait vaguement à José, le conjoint de Liliane dans la série télévisée « Scènes de ménages ». Aussi jovial et communicatif que ce personnage, il ne se fit pas prier pour raconter une n-ième fois son Alésia. « Le jour d’avant, dans les entrailles d’un Urus, les haruspices avaient lu que le combat se solderait par d’innomblables victimes. Comme pour confirmer cette prédiction, la nuit suivante, un disque noir occulta lentement la lune, et lorsque Phébé...
Avant de quitter le vingt-et-unième siècle, Isidore avait petit-déjeuné, à la terrasse de son Hôtel au bord du Tibre, d’un cornetto débordant de crème et d’un cappuccino. Vers treize heures, son estomac réclamant à nouveau son dû, il trouva sur le marché de quoi satisfaire ses légitimes revendications. Spontanément, à l’instar de ceux qui étaient devenus provisoirement ses contemporains, il pique-niqua sur place. Cette croustille accomplie, il s’offrit une déambulation...
A l’instar des riads de Marrakech, la Domus de Titus n’offrait au regard des passants que de hautes parois sans fenêtre. Mais dès qu’on en franchissait le seuil, tout n’était qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté, comme disait Baudelaire à propos d’un pays qui ressemblait à l’élue de son coeur. Les visiteurs étaient accueillis dans un atrium tel qu'on peut en voir sur les images de Google. Un jet d’eau y glougloutait dans l’impluvium et ses parois étaient...
Un ange passa vers la fin du dessert. Titus, sans prévenir, venait d’interrompre le récit de ses exploits. Isidore, qui pensait à autre chose, n’eut pas le reflexe de le relancer. Fausta saisit l’occasion de soulever un problème d’ordre domestique. « Titus. Depuis le décès de Sorbonnix, les enfants sont sans précepteur. Il nous faut lui trouver au plus vite un remplaçant. J’en ai parlé autour de moi. Toutes les matrones font le même constat : rien n’est plus difficile que...
Un graveur anonyme de l’an de grâce 1654 prêtait à Vitruve les traits d’une sorte d’ecclesiastique barbu. Isidore pût constater qu’à la pilosité près, l’artiste n’était pas trop loin de la vérité. L’illustre ingénieur lui rappelait ce prof « sévère mais juste » dessiné par Gotlib dans la Rubrique-à-brac. Chargé de mettre en oeuvre les grands travaux de l’Etat, l’architecte-en-chef avait convoqué Titus et la crème de ses concurrents, pour leur soumettre un...
Afin de prévenir tout « effet papillon », que son passage dans l’Antiquité Romaine pourrait avoir sur la bonne marche de l’Histoire, Isidore envisagea de réactiver le chronoscaphe et de débarquer à Rome quelques heures avant sa précédente arrivée. Il n’y resterait que quelques instants, le temps de marquer le coup, en s’abstenant de toute initiative, puis repartirait vers de nouvelles aventures. En bonne logique, cette seconde visite effacerait la première. Ainsi, ni Titus ni...

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