Allez Alphonse !!!

 

Dans les sixties du IXXème siècle, bien avant que la pratique du football ne déferlât sur le Continent, une petite colonie britannique l’avait introduite dans le Calvados.

 

A Honfleur, cette ravissante cité chère aux impressionnistes, le jeune Alphonse Griezmann fut l’une des toutes premières stars tricolores du ballon rond. La finesse de son jeu, la vélocité de ses gambettes et la justesse de ses tirs faisaient la joie des aficionados. Quand il remontait à toute allure les lignes adverses les tribunes s’enflammaient et barytonnaient sur l’air des lampions :

 

« Allez Alphonse, Allez Alphonse, Allez ! »

 

Cette gloire naissante fut hélas interrompue par l’incompréhension de sa famille qui le contraignit de poursuivre des études à Paris. La vague footballistique n’ayant pas encore atteint cette frileuse capitale, le jeune Alphonse dut changer de hobby.

 

Comme nombre de jeunes gens contrariés dans leurs aspirations, il choisit de soigner son spleen aux terrasses des cafés et commença de taquiner la muse. Au moment de choisir un pseudo, il se souvint des clameurs du stade et opta pour « Alphonse Allez ».

 

Un condisciple espagnol lui fit remarquer que cela pouvait se prononcer « Alphonse à l’aise » ou pire « Alphonse alèse ».

Pour prévenir d’éventuels quolibets, il décida donc de malmener la conjugaison et de signer désormais ses oeuvres « Alphonse Allais ».

 

Au désespoir de sa famille, ses études furent moins brillantes que sa brève carrière footballistique mais, pour le plus grand plaisir de ses contemporains, il devint une des plumes les plus étincelantes de la belle époque.